L’allocution télévisée de Vladimir Poutine, jeudi 21 novembre, a jeté un froid glacial sur un conflit déjà marqué par une escalade incessante. L’annonce de frappes de missiles hypersoniques sur le territoire ukrainien, couplée à la menace explicite de frappes contre les pays occidentaux fournissant des armes à Kiev, marque un tournant inquiétant. Au-delà de la rhétorique belliciste, cette situation met brutalement en lumière l’échec patent de la politique occidentale face à l’agression russe.
La menace de Poutine, loin d’être un simple coup de théâtre, reflète une réalité implacable : la stratégie occidentale, axée sur une aide militaire à l’Ukraine sans engagement direct, s’est révélée inefficace pour dissuader Moscou. L’envoi d’armes sophistiquées, présenté comme un moyen de renforcer la capacité de défense de l’Ukraine et de dissuader une escalade russe, a eu l’effet inverse. L’argumentation de Poutine, qui justifie ses menaces par l’utilisation d’armes occidentales contre le territoire russe, est cynique, mais souligne l’impasse stratégique dans laquelle s’est enlisée l’Occident.


L’image de la puissance militaire russe, autrefois largement perçue comme surévaluée, a été réhaussée par cette démonstration de force. L’annonce d’un nouveau missile hypersonique, présenté comme « invincible », augmente le sentiment d’impuissance face à la capacité militaire russe. Cette annonce, assortie de la menace implicite d’une extension du conflit au-delà des frontières ukrainiennes, résonne comme un avertissement grave et crédible.

L’appel de Volodymyr Zelensky à la communauté internationale pour qu’elle “réagisse” révèle le désespoir croissant de l’Ukraine. Mais cette réaction, si elle se traduit par de nouvelles livraisons d’armes, risque de précipiter le conflit dans une spirale infernale, sans garantie de succès pour Kiev et avec une probabilité accrue d’une confrontation directe entre la Russie et l’OTAN.
L’ambiguïté de la stratégie occidentale est criante. L’équilibre précaire entre la nécessité d’aider l’Ukraine et la volonté d’éviter une confrontation directe avec la Russie a paralysé l’action décisive. Cette hésitation, compréhensible compte tenu des risques d’une guerre mondiale, s’est pourtant traduite par une incapacité à imposer un cessez-le-feu et à contraindre Moscou à négocier sérieusement.
La persistance des livraisons d’armes, sans une stratégie politique claire et coordonnée, nourrit le conflit et renforce la détermination de Poutine. L’absence d’une véritable initiative diplomatique crédible, capable de proposer une solution de paix durable, a laissé le champ libre à l’escalade. Le discours occidental, souvent accusateur mais dépourvu de moyens coercitifs efficaces, a sonné creux aux oreilles de Moscou.

Le ton de Poutine, ferme et menaçant, ne doit pas être minimisé. Il souligne une volonté de réaffirmer la puissance russe et de tester les limites de la détermination occidentale. Cette menace n’est pas seulement une déclaration rhétorique; elle reflète un calcul géopolitique précis, qui exploite les faiblesses et les hésitations de l’Occident.

La communauté internationale, confrontée à cette nouvelle escalade, se trouve face à un dilemme crucial. Continuer à fournir des armes à l’Ukraine, au risque d’une confrontation majeure, ou opter pour une stratégie diplomatique plus assertive, même si cela implique des concessions difficiles ? L’absence de réponse claire et unifiée de la part des puissances occidentales nourrit le sentiment d’impuissance et ouvre la voie à une escalade incontrôlable. L’échec actuel de la politique occidentale, marqué par l’incapacité à dissuader Poutine et à mettre un terme à la guerre, risque de laisser un héritage de tragédie et d’instabilité pour les années à venir. La responsabilité historique de trouver une issue à ce conflit repose sur les épaules des dirigeants occidentaux, qui doivent enfin transcender leurs hésitations et adopter une stratégie cohérente et déterminée, capable d’imposer la paix en Ukraine et de prévenir une escalade catastrophique. Le silence complice face à la menace de Poutine équivaudrait à une capitulation morale face à l’agression et une condamnation à mort pour des millions d’Ukrainiens.
Georges Martial Ngalieu