Le calme habituel du village de Koutoula, situé dans l’arrondissement de Blangoua, département du Logone et Chari au Cameroun, a été brutalement brisé les 22 et 24 novembre 2024 par deux attaques distinctes de Boko Haram. Ces attaques, d’une violence inouïe, ont plongé la population dans la terreur et la désolation, laissant derrière elles un bilan lourd et une population abandonnée à son triste sort.
Les témoignages recueillis auprès des rescapés sont glaçants. Les assaillants, venus en nombre, ont semé la panique dans les rues du village. Des boutiques ont été pillées, des concessions saccagées, des biens précieux emportés. Le plus poignant est sans doute l’assassinat d’un conseiller municipal, froidement abattu par les terroristes. Plusieurs personnes ont également été enlevées, leur sort restant inconnu à ce jour. La peur est palpable, l’angoisse omniprésente.
« Nous sommes livrés à nous-mêmes », déplore un habitant, la voix tremblante. « L’armée est absente, le gouvernement ne nous apporte aucune aide. Nous vivons dans la peur constante d’une nouvelle attaque. Que devons-nous faire ? Où pouvons-nous aller ? » Ce sentiment d’abandon est partagé par l’ensemble de la communauté de Koutoula, qui accuse l’État camerounais d’inaction face à la menace grandissante de Boko Haram.

La situation est d’autant plus alarmante que les attaques semblent s’inscrire dans un schéma plus large. Depuis le lancement de l’opération militaire tchadienne « Haskanite », les éléments de Boko Haram se seraient repliés entre l’arrondissement de Darak et Blangoua. Une base avancée aurait été installée dans la zone de Bouaram, s’étendant vers Guirkima jusqu’à Kouk. D’autres bases arrière auraient été identifiées par des pêcheurs locaux dans les îles Naira, Kassouang Marya, Loko Libye et Kinsinawadji. Ces pêcheurs, connaissant parfaitement le terrain, se sont proposés pour guider les forces de sécurité vers ces repaires, mais leur offre est restée sans réponse.
Le silence des autorités face à ces informations inquiétantes nourrit la crainte d’une escalade de la violence et d’une possible désertification de la zone. L’absence de réponse adéquate de l’État pourrait pousser les habitants à abandonner leurs terres et leurs maisons, aggravant ainsi la crise humanitaire. Le manque de sécurité et la persistance des groupes armés dans la région menacent non seulement la survie des populations civiles, mais aussi la stabilité de la région.

Cette situation critique exige une réaction immédiate et déterminée du gouvernement camerounais. Des mesures concrètes doivent être prises pour renforcer la sécurité dans la zone, protéger les populations civiles et lutter efficacement contre Boko Haram. Le déploiement de forces de sécurité supplémentaires, la mise en place de dispositifs de surveillance efficaces et la collaboration avec les populations locales sont autant d’actions urgentes à entreprendre. L’abandon de Koutoula et des villages environnants ne doit pas être une option.
Le silence face à cette tragédie n’est plus acceptable. L’urgence est de taille. Le gouvernement doit agir promptement et efficacement pour éviter une catastrophe humanitaire et empêcher que d’autres villages ne subissent le même sort que Koutoula. L’heure est à l’action, et non aux discours. L’avenir de milliers de civils dépend de la rapidité et de l’efficacité de la réponse apportée par les autorités. L’indifférence face à la souffrance de ces populations ne peut plus durer. L’espoir demeure que l’appel à l’aide lancé par les habitants de Koutoula sera entendu avant qu’il ne soit trop tard.
Georges Martial Ngalieu