CAMEROUN : RADIOGRAPHIE D’UN ACHARNEMENT ET QUESTIONNEMENTS SUR LA PEUR. MAURICE KAMTO, PLUS EFFRAYANT QUE DIEU…

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La figure de Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), continue de polariser le débat public au Cameroun. Au-delà des divergences politiques, un phénomène inquiétant se manifeste : un acharnement médiatique, parfois virulent, ciblant sa personne et son parti. Les plateaux de télévision, les réseaux sociaux, les conversations dans les débits de boisson, les couloirs des ministères, tous semblent résonner de critiques, d’attaques, parfois de caricatures. Cette omniprésence de la charge, loin d’être anodine, soulève des questions fondamentales sur la dynamique politique du pays.

Un déluge de critiques : Décryptage de la mécanique de l’acharnement

L’acharnement contre Kamto n’est pas une simple opposition politique. Il revêt plusieurs formes. On observe, sur les plateaux de télévision, une tendance à la simplification des positions du MRC, souvent réduites à des slogans. Les analyses nuancées sont rares, laissant place à une rhétorique émotionnelle qui vise à discréditer plus qu’à débattre. Sur les réseaux sociaux, le phénomène est encore plus accentué : la désinformation, les insultes, les montages tendancieux se propagent à la vitesse de l’éclair, contribuant à une atmosphère de lynchage numérique.

Dans les conversations informelles, l’animosité est palpable. Les arguments politiques laissent parfois la place aux jugements de valeur, aux rumeurs, voire à des attaques personnelles. La répétition incessante de ces critiques, même infondées, finit par créer un climat délétère où toute discussion rationnelle devient difficile.

Derrière l’acharnement : Quelles peurs et quels enjeux ?

Un tel acharnement médiatique suscite une interrogation centrale : pourquoi cette obsession ? Pourquoi, dans certains cas, cette haine viscérale envers un homme et son parti ? La réponse n’est pas univoque, mais plusieurs pistes peuvent être explorées.

•  La peur du changement : Le MRC, en tant que principal parti d’opposition, incarne une alternative politique. Il porte en lui une promesse de changement, un appel à une nouvelle gouvernance. Pour certains, ce changement est perçu comme une menace, une rupture avec un ordre établi qui leur profite. La peur de perdre des privilèges, une certaine stabilité, peut être un puissant moteur de cet acharnement.

•  La remise en question de l’autorité : La personnalité de Maurice Kamto, son discours critique, sa détermination, sont perçus par certains comme une remise en question de l’autorité. Le pouvoir, souvent jaloux de ses prérogatives, peut percevoir le MRC comme un défi à son hégémonie. L’acharnement médiatique devient alors un moyen de délégitimer cet adversaire et de le maintenir à distance du pouvoir.

•  La manipulation de l’opinion : Certains acteurs politiques, et même des médias, ont tout intérêt à discréditer le MRC. La diffusion d’informations biaisées, la propagation de fausses nouvelles, la diabolisation de Kamto sont autant de stratégies visant à manipuler l’opinion publique, à créer un sentiment de méfiance, et à maintenir leur propre influence. L’objectif est simple : diviser pour mieux régner.

•  La peur du réveil de la conscience populaire : Le succès du MRC lors des dernières élections a démontré une aspiration profonde au changement dans une partie de la population. La peur que cette aspiration ne se transforme en un mouvement de fond est palpable. L’acharnement médiatique devient alors une tentative de freiner cette dynamique, de décourager ceux qui pourraient être tentés de rejoindre les rangs de l’opposition.

Kamto, plus effrayant que Dieu ?

La question de savoir si Kamto et le MRC font plus peur que Dieu est une provocation, certes, mais elle met en lumière un aspect important de la psychologie politique. La peur de perdre le pouvoir, la peur du changement, peuvent parfois conduire des individus et des institutions à des comportements irrationnels. L’acharnement médiatique, dans ce cas, est un symptôme de cette peur.

Cette peur, qui semble parfois transcendante, ne doit pas occulter l’impérieuse nécessité d’un débat démocratique sain, d’une confrontation d’idées respectueuse des opinions de chacun. La politique ne doit pas se résumer à des jeux de pouvoir et à la manipulation de l’opinion. Elle doit être un espace de dialogue, d’échange, de construction collective.

Vers une culture du débat : Urgence d’un sursaut démocratique

Le cas de l’acharnement contre Kamto et le MRC est un révélateur des faiblesses de la démocratie camerounaise. Il met en évidence le besoin urgent d’une culture du débat contradictoire, du respect de l’opposition, d’une information objective et d’une justice impartiale. Un pays ne peut progresser que si l’ensemble de ses citoyens se sentent libres d’exprimer leurs opinions, sans craindre les représailles ou la manipulation.

L’acharnement médiatique contre Maurice Kamto et le MRC est un phénomène complexe, révélateur de peurs profondes, de stratégies politiques et de manipulations de l’opinion. Loin d’être un simple fait divers, il pose des questions essentielles sur la santé de la démocratie camerounaise et sur la nécessité d’un débat public éclairé et respectueux. L’interrogation « Kamto fait-il plus peur que Dieu ? » nous renvoie, en définitive, à la manière dont les Camerounais conçoivent le pouvoir, le changement et le débat politique. Un questionnement qui mérite d’être poursuivi pour un avenir meilleur.

Georges Martial Ngalieu

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