L’atmosphère politique au Cameroun est lourde. La répression s’abat sur les opposants, les journalistes, les militants de la société civile avec une violence qui n’a d’égale que la peur qu’elle inspire. L’exile, autrefois un choix réservé à une élite politique, devient une réalité pour une frange de plus en plus large de la population, poussée à l’abandon de sa terre natale pour fuir la torture, l’emprisonnement arbitraire et la mort.
Le gouvernement camerounais, sous la houlette de Paul Biya, semble s’être spécialisé dans la mise au silence des voix critiques. Chaque jour, de nouvelles arrestations et tortures sont signalées, alimentant une peur palpable et généralisée. La répression s’exerce sur tous ceux qui osent contester l’ordre établi, même si cette contestation est pacifique et vise simplement à réclamer une gouvernance plus juste et plus transparente.
Face à cette situation déplorable, de nombreux Camerounais, n’ayant d’autre choix que de se protéger, cherchent refuge à l’étranger. Les pays voisins deviennent des points de chute temporaires, mais pour beaucoup, le voyage continue vers l’Europe, un continent souvent perçu comme le terre promise, mais qui se transforme en un désert de dangers et de désespoir.
Des milliers de Camerounais se lancent dans une odyssée périlleuse à travers le désert du Sahara, au péril de leur vie. Les traversées clandestines de la Méditerranée, sur des embarcations de fortune, deviennent un véritable parcours du combattant, où la mort rôde à chaque instant.
La dictature camerounaise, cachée derrière une coquille de démocratie vide, se nourrit de la peur qu’elle inspire. Elle utilise la répression comme un outil de contrôle et de maintien au pouvoir, sans se soucier du sort de son peuple. La torture, l’emprisonnement arbitraire et les assassinats politiques deviennent des pratiques courantes, transformant le Cameroun en une prison à ciel ouvert.

Avant Longue Longue, que de Camerounais torturés!
La liste des Camerounais torturés depuis le 06 novembre 1982, date de l’arrivée de Paul Biya au pouvoir, est longue et macabre. Le journaliste Benjamin Zebaze, dans un article poignant, rappelle quelques-uns des cas les plus marquants de cette pratique barbare qui gangrène le Cameroun depuis des décennies.

• Séverin Tchounkeu, PDG d’Équinoxe Tv, a été enlevé dans son bureau, frappé avec une matraque au visage jusqu’à briser ses lunettes médicales, roulé dans des urines et battu pendant des heures.
• Jean Jacques Ekindi, patron de presse, a été arrêté et torturé avec une machette, ses pieds étant tellement frappés qu’ils ressemblaient à des ballons de foot.



• Samuel Eboua, dernier Secrétaire Général de la Présidence de la République sous Ahidjo, Charles Tchoungang, ancien bâtonnier des avocats, et d’autres hommes politiques ont été arrêtés et torturés de manière inhumaine pour avoir participé à un meeting politique.
• Une parente de Benjamin Zebaze a été enlevée, violée et violentée en plein air pour avoir critiqué le ministre Atanga Nji.

Ces témoignages, parmi tant d’autres, illustrent la brutalité et la barbarie du régime camerounais. Ils montrent à quel point les libertés fondamentales sont bafouées au Cameroun et comment la peur s’est installée dans tous les aspects de la vie sociale.
L’exile politique, un phénomène croissant
Le cas de Longue Longue, artiste camerounais récemment arrêté, torturé et dont les images ont fait le tour du monde, symbolise la barbarie qui règne au Cameroun. Son arrestation et sa torture ont suscité une vague de protestation et d’indignation au Cameroun et à l’international.
Ces événements illustrent clairement que l’exile politique est devenu une réalité pour de nombreux Camerounais. L’absence de justice, la peur de représailles et la conviction que le système est gangréné par la corruption et l’impunité poussent de plus en plus de citoyens à fuir le Cameroun, laissant derrière eux leurs familles, leurs amis et leurs rêves.

L’appel à l’action : un avenir possible pour le Cameroun
Le Cameroun ne peut pas se permettre de continuer à se laisser gangréner par la violence, la corruption et l’impunité. Il est temps pour le gouvernement camerounais de prendre ses responsabilités et de s’engager dans un dialogue national sincère, inclusif et transparent afin de trouver des solutions durables aux crises que traverse le pays.
La communauté internationale a un rôle important à jouer pour soutenir le peuple camerounais dans sa quête de justice, de liberté et de démocratie. La pression internationale doit être exercée sur le gouvernement camerounais pour qu’il mette fin à la répression, garantisse les droits de l’homme et crée les conditions nécessaires pour une transition politique pacifique et démocratique.
L’avenir du Cameroun dépendra de la volonté du peuple camerounais à se battre pour ses droits et de la capacité des acteurs internationaux à soutenir ce combat. Le temps est venu de dire non à la répression, non à la torture, non à l’exile forcé. Le temps est venu de dire oui à la démocratie, oui à la liberté, oui à la justice.
Georges Martial Ngalieu